Le tissage de la soie vietnamienne est un art ancestral, parmi les plus anciens du pays. Chacune des 54 ethnies du Vietnam possède presque son propre modèle de métier à tisser, utilisant une diversité de matières premières comme le coton, le chanvre, la fibre de bambou, et même le bananier. Depuis le VIIe siècle, époque de la découverte de son secret de fabrication, la soie vietnamienne est devenue le tissu le plus réputé de la région.
La province de Hà Tây, voisine de Hanoï, est considérée comme le berceau de cette activité intrinsèquement liée à la culture des mûriers. Dès la période de la domination chinoise, les produits en soie du Vietnam jouissaient déjà d'une réputation considérable, à tel point qu'ils faisaient souvent partie des tributs exigés par la Cour de l'Empire du Milieu. Ces techniques de fabrication étaient déjà d'une sophistication et d'une diversité remarquables. Lys d'Azur voyage vous invite à découvrir l'histoire riche et fascinante de la soie vietnamienne, un symbole d'élégance et de résilience.
Un Fil d'Histoire : De la Route de la Soie aux Expositions Internationales
Comme pour de nombreux autres domaines de l'artisanat, les XIe et XIIe siècles, marquant le début du régime féodal du Đại Việt, ont vu le tissage de la soie connaître une résurgence étonnante. Cette renaissance fut stimulée par la décision du roi Lý Thánh Tông de n'utiliser que des brocarts vietnamiens à la Cour. Ce choix a propulsé le Vietnam à une place importante dans le commerce de la Route de la Soie, reliant l'Asie et l'Europe.
Le célèbre village de la soie de Vạn Phúc, situé à seulement 10 km du centre de Hanoï, est le plus ancien et le plus réputé village de tissage du delta du Fleuve Rouge, grâce à la qualité exceptionnelle de ses produits. Sa production se divisait principalement en deux catégories : la soie transparente, ou "the", utilisée pour les costumes annamites, et les brocarts ("gấm") pour les costumes d'apparat des rois et des mandarins. La qualité supérieure de la soie de Vạn Phúc est avant tout due à l'utilisation de fils très fins ("tõ non"), beaux et résistants.
Depuis au moins un siècle, les produits de Vạn Phúc étaient déjà présents lors de foires internationales en Europe, comme la foire de Marseille vers 1931. Vạn Phúc était ainsi le village de la soie vietnamienne le plus ouvert sur le monde. Des témoignages de cette ouverture et d'une certaine modernisation du métier à cette époque subsistent encore, notamment la présence de vieilles machines Jacquard d'origine lyonnaise, connues comme les premiers outils de tissage "programmables".
Défis et Perspectives : Protéger un Savoir-Faire Millénaire
Ces dernières années, alors que le commerce du Vietnam s'est largement ouvert au monde, l'activité artisanale de Vạn Phúc a été exposée à une concurrence féroce au niveau des prix. Cette situation a contraint de nombreuses familles du village à adapter leurs méthodes de production d'une manière parfois préjudiciable : usage plus régulier de fibres synthétiques, fabrication de produits de moindre qualité. Cette tendance menace de faire perdre un savoir-faire et une marque millénaires.
Conscients de ce défi, le village de Vạn Phúc a déjà entrepris des efforts significatifs pour se réorganiser. Des initiatives, telles que la création d'une association de producteurs avec des normes strictes à respecter, visent à protéger la marque "Vạn Phúc" et à préserver ce précieux héritage culturel. En soutenant la soie vietnamienne, vous contribuez à la sauvegarde d'une tradition exceptionnelle et à la pérennité d'un art qui a traversé les âges.